samedi 25 juin 2011

Tourisme tunisien en crise. Des solutions ?


L’économie tunisienne repose essentiellement sur trois secteurs d’activité : l’agriculture et la pèche, l’industrie en majorité manufacturière, mais peu développée et le secteur des services, notamment, le tourisme. Ce domaine constitue, éventuellement, l’activité qui contribue le plus à la croissance économique. Malheureusement, ce secteur d’activité passe actuellement par un tournant dangereux.
L’emplacement  géographique et certaines conditions climatiques modérées font de la Tunisie une destination touristique favorable aux européens. En effet, ce secteur connut une évolution considérable à partir des années 1970 et devint une principale source de devise pour le pays. Une dernière étude, en l’année 2010, montre que le tourisme prend part dans le Produit Intérieur Brut de 7 %, contribue à une couverture de 56% du déficit commercial et emploie 400 000 personnes.
Cependant, il s’est avéré dernièrement que le tourisme tunisien a basculé vers un effondrement  effarant et la sortie de la Tunisie au salon ITB Berlin en est la preuve. Si l’on se tient au fait que la Tunisie ait connu depuis janvier 2011, des changements radicaux que se soit sur le plan politique, social ou économique, la crise du tourisme serait une conséquence logique. L’enchainement mouvementé et instable des évènements pendant le mois de janvier a généré une baisse de réservations qui s’élève à 70% et ce, selon M. Habib Ammar le directeur général de L’ONTT. Ce dernier déclara pendant la rencontre avec les médias du 17 juin 2011 que la phase critique par laquelle le tourisme tunisien passe serait « la plus grande crise de son histoire ». Il se pencha également sur les mesures à prendre pour réparer les dégâts et affirma qu’il faudrait absolument profiter de la révolution pour régénérer le secteur touristique.
Or, la révolution, n’est pas la cause majeure de cette crise.  Il est vrai que les appréhensions sécuritaires, juste après la chute de Ben Ali, étaient des éléments d’une forte nuisibilité pour la saison touristique, mais ce n’est plus le cas puisque tout est rentré dans l’ordre. Pourtant, la crise persiste. Les statistiques révèlent une recette en baisse de 52% pour le mois de juin.
Que seraient donc les facteurs directeurs de cette crise ?
D’après la dernière étude de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), la crise du tourisme serait antérieure au 14 janvier. Ce secteur connait un recul constant depuis 1998 et les statistiques montrent qu’en dépit du volume et de l’importance de cette activité, son apport en croissance a considérablement diminué. En effet, les meneurs de cette étude, affirment que le ralentissement du tourisme tunisien remonte à une vingtaine d’années et que c’est principalement du à un immobilisme du coté du ministère du commerce et du tourisme. D’ailleurs, M. Habib Ammar le confirme en disant que le secteur touristique souffre d’un handicap structurel auquel on n’a pas pu faire face par manque de courage !
Ce handicap structurel est en fait le résultat d’un fonctionnement en défaillance qui se caractérise par une « monoculture intensive du produit balnéaire » et ce selon Fitch Ratings. Effectivement, l’activité touristique en Tunisie est centralisée sur les cotes. Jouissant de 1300 mètres de cotes, généralement sablonneuses, et d’un climat chaud, la Tunisie accueille une masse de touristes qui fuit le froid de son pays et cherche à passer un séjour sous le soleil. Ces caractéristiques, entre autres, a fait donc du tourisme tunisien un tourisme de masse et non de qualité. 
L’analyse de Fitch Ratings, concernant l’industrie touristique en Tunisie, va au-delà de ça en expliquant que même la qualité des infrastructures de loisirs est médiocre.
Bien évidemment, le gouvernement a pris quelques mesures dans le but de rénover le secteur mais les efforts fournis restent insuffisants face à un marché fortement concurrentiel. Si l’on prend comme exemple les statistiques enregistrées entre 1990 et 2009, on constate que le volume du flux touristique en Tunisie a doublé alors que celui de la Turquie et de l’Égypte a été multiplié par cinq.  Ce ci peut s’expliquer par le fait qu’en Tunisie, les professionnels du secteur touristique sont de plus en plus dépendants des grands tours opérateurs. Sans oublier, bien sur, l’émergence de nouvelles destinations concurrentes et qui sont favorisées par la baisse du cout du transport aérien.
Ainsi, le fonctionnement du tourisme tunisien est lui-même la cause principale de la crise actuelle. Avec une prédominance du tourisme balnéaire fortement démodé et une infrastructure douteuse, on frôle la catastrophe !
Comment peut-on donc remédier à ça ?
            A vrai dire, la situation alarmante exige des solutions d’urgence pour sauver la saison touristique. Comme premier pas, le ministère du commerce et du tourisme a proposé une solution qui semble adéquate : la structuration du marché algérien.
La Tunisie reçoit, annuellement, un million de touristes algériens à peu près. Le nombre semble important,  mais il faut rappeler que la majorité des touristes algériens louent chez des habitants et ne vont pas dans des hôtels. Cela est du au fait que les professionnels du tourisme tunisien accordaient peu d’importance à ce marché. S’arrêtant sur le fait que ce  marché est la solution idéale pour sauver cette saison touristique, M. Habib Ammar déclara qu’il faudrait absolument mieux structurer le marché algérien en menant une gigantesque compagne publicitaire sur internet et en proposant un programme adéquat avec le mois de ramadhan qui tombe au beau milieu de la haute saison. « Autrefois, c'était du tourisme spontané. Le budget alloué pour la promotion de la Tunisie en Algérie ne dépassait pas les 120.000 dinars. Nous venons de multiplier cette somme par 4,5%. Nous venons de consacrer 700.000 dinars pour une campagne large sur Internet, les journaux et la télévision algérienne. »
Le marché algérien serait-il donc la bouée de sauvetage pour la saison touristique de 2011 ? Prions, pour que ça soit le cas !
Cependant, il ne faut pas oublier que le problème est bien plus complexe qu’on ne le croit. Le tourisme tunisien a besoin d’une révolution et non seulement de solutions d’urgence. Elaborer des plans à long terme est indispensable afin d’assurer un développement satisfaisant du secteur touristique. Le remède serait dans la diversification du produit touristique.

On devrait, éventuellement, promouvoir le tourisme saharien et intégrer le tourisme écologique ou encore culturel sachant que la Tunisie dispose d’un patrimoine assez riche. En outre, la rénovation de l’infrastructure et l’amélioration de la qualité de service sont des facteurs capitaux qui permettront de miser autant sur le coté quantitatif que qualitatif de la clientèle. 

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